Paul Sédille

1836 -1900

Les années 1860

Ses débuts

Né à Paris en 1836, Paul Sédille étudie à l’École des Beaux-Arts de Paris entre 1857 et 1869 et devient l’élève de son père, l’architecte Jules Sédille (1806 – 1871), mais aussi d’Hippolyte Le Bas (1782 – 1867) et de Jean-François Guénepin (1807 -1888).

Paul Sédille n’était pas seulement architecte, il était aussi théoricien et rédigea de nombreux articles sur l’architecture européenne de son temps. Egalement peintre, il expose chaque année, entre 1867 et 1888, ses toiles réalisées dans la lignée de l’Ecole de Barbizon au Salon des artistes Français, à Paris.

1871

Une révélation : le voyage en Espagne

En 1871, il décide de partir en Espagne. Ce voyage a été pour lui d’une grande importance, car il a pris conscience de l’importance de la polychromie en architecture.
Désireux de découvrir l’art mauresque à Grenade, Séville et Cordoue, il est, une fois sur place, extrêmement impressionné par les monuments polychromes présentant une ornementation abstraite, florale, avec une gamme simplifiée de tons.
Pour l’architecte, ce fut un éblouissement à chaque visite, à l’Alhambra de Grenade, à l’Alcazar ou à la Casa de Pilatos  à Séville, et plus encore à la mosquée de Cordoue. A l’intérieur de la mosquée, le Mirhab et la Maksourah, c’est-à-dire le saint des saints, donnèrent à l’architecte d’intenses émotions.
A propos de la mosaïque de la Maksourah, il écrivit : « Cette mosaïque, composée de cubes de verres de très petites dimensions, ornée de belle inscriptions en caractères coufiques et d’arabesques du dessin le plus noble et le plus élégant se détachant sur des fonds d’or et d’azur, est, comme beauté de dessin, harmonie et richesse de tons, supérieure à tout ce que Venise, Rome ou Ravenne peuvent offrir en travaux de ce genre. Cette mosaïque est vraiment sœur des merveilles tissées ou brodées par le génie oriental ».
Il y passa des heures à dessiner et à couvrir ses carnets de notes.
L’influence de ce voyage sur Sédille fut quasi-immédiate.

Croquis Sédille

Maksourah de Cordoue, croquis de Paul Sédille, vers 1871

Paul Sédille peinture

Paul Sédille, huile sur toile, vers 1860
Collection privée

La Polychromie architecturale

Depuis 1871, il défendait inlassablement le principe d’une architecture colorée dans le sillage d’Hittorff, et répétait que la polychromie était un principe universel de l’architecture, que son éclipse en France depuis le XVIIème siècle ne pouvait être que passagère. Il rappelait que l’architecture grecque et romaine était polychrome ; invoquait les travaux de Viollet-le-Duc sur Notre-Dame de Paris relatifs à ses essais de restitution de polychromie intérieure et extérieure de l’édifice ; ou encore les faïences des della Robbia qui correspondaient à l’idée qu’il se faisait de la céramique architecturale.

La couleur servait de complément expressif à la forme architecturale et afin de le démontrer, Sédille n’hésitait pas à invoquer lors de ses conférences le Mexique, le Pérou ou encore les décors émaillés. Cependant, c’est principalement l’Orient qui fournit les bases essentielles à ses démonstrations, comme à beaucoup d’autres artistes modernes. La fascination pour l’Orient connaît en Occident un regain considérable depuis le début du XIXème siècle, avec le Romantisme notamment. Sédille fut attentif toute sa vie aux recherches archéologiques menées en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, car elles alimentèrent sa réflexion sur la polychromie monumentale.

Début de la collaboration Sédille / Loebnitz

C’est à partir de 1871 que Jules Loebnitz orienta sa production vers le décor architectural, notamment sous l’impulsion de son ami Paul Sédille, récemment revenu de son marquant voyage en Espagne emprunt d’art arabe. Entre les deux hommes est née une véritable amitié qui les engage dans une étroite collaboration tant professionnelle qu’intellectuelle.

L’intime certitude de Paul Sédille était que la céramique était le matériau roi de la polychromie architecturale, et les faïences de Jules Loebnitz satisferaient sa conviction. Il fallait que la polychromie moderne soit impérissable pour Sédille, c’est-à-dire assurée de vivre autant que le monument lui-même et c’est en cela que sa collaboration avec Loebnitz fut intéressante.

Le rêve commun de Sédille et Loebnitz se traduit par la volonté d’une architecture polychrome de l’un, rendue possible par la céramique architecturale de l’autre. Loebnitz sut exploiter la faïence ingerçable pour créer de véritables pièces d’architecture, qui faisant corps avec la construction, résistaient aux chocs thermiques extérieurs tout en offrant un support parfait à des émaux traditionnels à base d’étain. La céramique architecturale décorative était née.

À partir de ce qu’il avait vu, notamment à Séville, Paul Sédille donna à Jules Loebnitz des modèles arabisants qui servirent à plusieurs des projets architecturaux qui naquirent de leur collaboration : pavillons d’Expositions Universelles, immeubles d’habitation, villas, hôtels ou monuments commémoratifs.

Loebnitz et Sédille Jardin dhiver

Jules Loebnitz et Paul Sédille, Jardin d’hiver mauresque

1878

L'Exposition Universelle

Son travail a été particulièrement remarqué lors de l’Exposition Universelle de 1878. Il y construit notamment en collaboration avec Jules Loebnitz, la monumentale porte du Pavillon des Beaux-Arts.
Un rapporteur de l’Exposition de 1878 la décrivait ainsi : « Rien n’est beau comme la porte monumentale exécutée par M. Loebnitz et exposée sous le porche des Beaux Arts, d’après le projet de M. Sédille […] tout y est grandiose, d’un décor élégant et savant, d’un émail pouvant braver la température humide de nos hivers […] ».
En effet, le portique de la section des Beaux-Arts, dessiné par Sédille, comportait des éléments de faïence dont certains mesuraient pas moins de 1,20 m en tous sens, exécutés par Loebnitz. Leur collaboration fut récompensée par une médaille d’or.

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1880-1884

Rénovation des ateliers de Lœbnitz

Jules Lœbnitz fit appel à Sédille pour la rénovation de ses ateliers situés au 4 rue de la Pierre-Levée à Paris, entre 1880 et 1884. La façade était ornée de grand panneaux de céramiques d’après les dessins de Lévy, Grand Prix de Rome.

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1889

L'Exposition de l'Union Centrale des Arts Décoratifs

« Il convient de marier habilement les céramiques avec les autres matériaux et surtout de les associer dans une gamme harmonieuse les colorations puissantes de vos émaux », tels étaient les conseils que promulguait Paul Sédille à son ami Jules Loebnitz à l’occasion de l’Exposition Universelle Internationale de 1889 à Paris.

Lors de cette même exposition, Loebnitz présentait en tant que membre du jury une « exposition de décoration céramique appliquée à l’architecture », soit un « élégant portique orné d’émaux et de terres cuites. La pièce principale était une cheminée monumentale en briques apparentes, ornée de décors émaillées et comportant sous la voussure deux groupes de personnages grandeur nature en terre cuite de ton naturel ; architecture de M. Paul Sédille, figures d’André Allar ».

L’exposition du 1889 fut l’apogée du fer et l’âge d’or de la céramique.

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1881-1889

Architecte du Printemps

Le 9 mars 1881 le grand magasin parisien Au Printemps fondé en 1863 par Jules Jaluzot (1834 – 1916) fut détruit par un terrible incendie. La reconstruction fut confiée à Paul Sédille qui avait réalisé avec son père, l’architecte Jules Sédille, l’immeuble initial au rez-de-chaussée duquel se trouvait le premier Printemps.

Pour la réalisation de ce chantier qui s’étala entre 1881 et 1889, un programme précis avait été confié à l’architecte, celui de « reconstituer les magasins sur un plan d’ensemble comprenant désormais tout l’îlot enveloppé par le boulevard Haussmann, la rue du Havre, la rue de Provence et la rue Caumartin, puis procéder par lots de construction, en commençant par les parties en façade sur la rue du Havre, afin de continuer temporairement la vente dans les parties inférieures des immeubles que l’incendie n’avait pas complètement détruits ».

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1895

Sépulture de Jules Loebnitz

Après le décès de Jules Loebnitz, Paul Sédille rendit un dernier hommage à leur amitié et collaboration en réalisant son tombeau placé au cimetière du Père Lachaise dans la 85e division. Le sculpteur André Allar, également ami de deux artistes, participa en réalisation un médaillon de terre cuite sur lequel figure le portrait du défunt.

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1900

Exposition Universelle

A l’occasion de l’Exposition Universelle 1900, Sédille collabore avec le fils de son défunt ami, Jules-Alphonse Loebnitz, ayant repris la direction de la manufacture de céramique. Tous deux réalisent une fontaine entourée d’un édicule qui figurait à l’extérieur. 

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